Le mot de la mère
1er vol du Pass pour Ouvéa, vendredi 10 janvier :
Nous arrivons à Ouvéa tard le soir car notre vol a été décalé en fin de journée. Le taxi, Taxi Toy, conduit par Vitaline vient nous chercher pour nous amener au sud de l'île dans la tribu de Mouli. Nous arrivons sous une pluie battante ce qui au final tournera à notre avantage puisque nous serons "surclassés". En effet, nous avions réservé des matelas au sol dans une case traditionnelle mais étant donné qu'elle n'était pas étanche, les propriétaires du gîte des cocotiers nous installeront dans le bungalow en dur avec de vrais lits.
Le lendemain matin, le soleil est revenu et nous découvrons stupéfaits la plage déserte de sable blanc et l'eau turquoise du lagon face à nous. Sabayo, le chien du gîte, nous accompagnera d'ailleurs tout au long de notre séjour. Un chien surprenant, toujours à scruter l'horizon, un chasseur de crabes et pêcheur de poissons ! Nous voilà partis pour une marche de 5 km le long de cette plage de rêve jusqu'au pont de Mouli, un passage où nous pouvons observer raies et tortues. Nous nous arrêtons en chemin au snack de l'hôtel Paradis Ouvéa pour manger un bout. Lors de cette petite balade, les enfants auront la chance de nager aux côtés d'une tortue. Nous ferons le retour en stop, à l'arrière d'un pickup, bien bien entamé par la rouille !
Le dimanche 12, le temps est incertain et nous resterons à Mouli. Nous irons acheter notre pain dans la tribu d'à côté chez une japonaise mariée à un kanak faisant du pain au four à bois, ça ne s'invente pas !
Lundi, nous partons pour les Pléïades Sud. Pierre, le plongeur, et Jean, son acolyte, nous accueillent à bord de leur bateau. Nous feront 2 belles sessions de snorkeling avec les enfants et Julien aura la chance de filmer une raie manta ! Au retour, Jean nous propose une autre excursion aux falaises de Lekiny, un endroit magique et tabou. Il est donc interdit comme pour beaucoup de sites naturels calédoniens d'y aller seul. Ce sont des endroits sacrés où seuls les kanaks sont habilités à vous y emmener.
Le lendemain juste avant notre départ pour l'aéroport, Air Loyauté nous informe que notre vol est annulé et reporté au lendemain. Nous en profiterons pour visiter la vanilleraie de Zack. En chemin, nous demanderons à Joël, le mari de Vitaline, de nous arrêter au "Mémorial des dix-neuf" : stèle en hommage aux 19 victimes kanaks de l'épisode sanglant du 5 mai 1988 (plus d'info : Prise d'otage d'Ouvéa sur Wikipédia)
Nous repartons très émus visiter la vanilleraie. Zack nous accueille dans sa propriété, c'est un chef de clan. Adepte de la permaculture, il s'investit pour un développement de l'éco-tourisme sur son île. Il se sert de ses cocotiers pour sa plantation de vanille : il plante ses boutures au pied du cocotier et la vanille, de la famille des orchidées, plante grimpante, se sert du cocotier comme tuteur. Afin d'enrichir la terre et d'en garder l'humidité, il se sert de noix de coco séchées retournées qu'il met aux pieds de ses plants de vanille. Il pollinise lui-même les fleurs car il nous explique que la vanille provient d'Amérique du Sud, là où seule une abeille endémique a le pouvoir de les polliniser naturellement. Et la chair de ses noix de coco est donnée à manger aux cochons. A la fin de notre visite, nous lui achetons de la confiture de noix de coco à la vanille, un délice ! Et en reprenant l'expression de Zack : ça tue le palais ! Joël et Vitaline viennent nous chercher avec leur taxi et nous offrent généreusement une visite guidée de leur île. Nous passons devant plusieurs petites églises, certaines catholiques et d'autres protestantes, héritées de l'empire britannique qui est venu ici avant les français. Finalement, cette journée improvisée nous aura permis de mieux connaître ses habitants, leur culture, leur histoire.
Lifou
Mercredi 15 janvier, nous prenons l'avion (en fait un tout petit coucou de 9 places) pour Lifou. Nous arrivons à l'aéroport vers 9h, il se situe un peu au nord de Wé, la capitale de l'île. Là, après plusieurs appels et une heure d'attente, le loueur nous amène enfin la voiture que nous avions réservée.
Nous partons pour le sud de l'île à Luengöni où Julien a réservé une place de camping. Malheureusement la propriétaire n'est pas là et au bout d'une heure et d'une baignade improvisée, nous décidons d'aller voir ailleurs. C'est l'acceptation de tous ces petits tracas et un bon lâcher prise qui s'appellent, comme le nomme Cédric, la tropicalisation !
Nous frappons à la porte de Jeanne Forrest, une adresse que j'ai lue sur le vieux Lonely Planet prêté par Cédric. Cette femme déjà âgée était connue pour ses magnifiques bougnats mais nous explique qu'elle n'en fait plus que quelques uns vu son grand âge. Sarah et Pascal, son fils, ont développé son activité touristique en y créant des bungalows tout neufs, une aubaine pour nous. Sarah, ancienne professeur de français, est quelqu'un de très ouvert qui connait beaucoup de monde, elle a vécu quelques années en France mais s'est très vite rendue compte que la qualité de vie dans les îles Loyauté était bien meilleure qu'en région parisienne ou même à Bordeaux.
Pendant qu'ils préparent notre bungalow, nous allons nous restaurer tout au sud dans un petit snack. Nous mangerons un énorme crabe de cocotier à 2. Et nous tirons jusqu'au sud de l'île pour voir les falaises.
Nous finissons la journée par une baignade en face du l'îlot Conforama (nom donné à cet îlot depuis qu'il a figuré sur un prospectus Conforama !). Sarah nous explique qu'à partir de 17h les enfants n'ont plus le droit d'aller sur la plage car elle est tabou. Je lui demande de plus amples explications et elle me raconte que jusqu'au coucher du soleil la plage est réservée aux ancêtres qui viennent s'y baigner. Fabrice, un ami qui vit à Lifou, nous expliquera plus tard qu'en fait ces tabous, ces interdits servent aux kanaks pour faire peur aux enfants afin qu'ils n'aillent pas se baigner seuls à la tombée de la nuit.
Le lendemain, Jean, le neveu de Pascal, rentré depuis peu de France et installé à Nouméa, nous emmène visiter la grotte des Joyaux de Luengöni. Il nous explique qu'il faisait le guide alors adolescent pendant que sa grand-mère préparait le bougnat pour les touristes. Nous longeons des falaises et dans certains renfoncements, il nous montre les squelettes d'ancêtres encore visibles. Cet endroit tabou (encore un) servait pour ainsi dire de cimetière, les corps étaient laissés à l'air libre. Nous nous enfonçons un peu plus dans la grotte, Jean passe devant pour l'équiper de quelques bougies et nous voilà partis pour une baignade quasi nocturne dans ces eaux limpides. L'ambiance est mystique, les enfants adorent. Il nous montre au retour les pièges à crabes de cocotier. Ils consistent à mettre des noix de coco sur un piolet et la nuit, ils viennent capturer les crabes, attirés par l'odeur de la coco. Il nous explique aussi que sur la route, menant à la tribu, nous pouvons voir des barres de fer, aujourd'hui couchées. Ces barres avaient été enfoncées dans le bitume par son grand-père et les gens de la tribu afin d'y interdire l'accès aux blancs et aux gendarmes de l'époque : les combats étaient fréquents. Nous nous rendons compte que les problèmes de cohabitation en Calédonie n'ont jamais vraiment cessé.
Le soir à notre demande Jeanne nous a préparé un bougnat au poulet. C'est un plat typique de Calédonie, il consiste à faire cuire viande ou poisson et légumes (ignames, bananes légumes, patates douces) dans du jus de coco, le tout enroulé dans des feuilles de bananier et cuit dans les cendres. La version moderne de Jeanne est de mettre le petit paquet dans une grande marmite d'eau bouillante afin d'accélérer la cuisson.
Le 17 janvier, nous devons changer de voiture mais finalement nous n'en changeons pas. Encore un exemple de tropicalisation ! Nous partons pour une petite excursion à l'ouest de l'île, à Peng, non loin d'un village abandonné où les habitants il y a une centaine d'années y ont fui la lèpre. Nous nous baignons sur une charmante petite plage et faisons un peu de snorkeling.
Samedi 18, nous passons prendre Fabrice, un ami de Julien de la tribu de Thuahaik. En fait, Julien l'a rencontré quand il est venu ici au début des années 2000 par le biais de Cédric M. Il nous servira amicalement de guide tout au long de la journée malgré son infection à la jambe qui l'empêchera de se baigner avec nous. Nous nous rendons au nord de l'île, notre première étape fut l'embarcadère et la deuxième, un magnifique spot de snorkeling avec 2 circuits marins qui ravissent les enfants, un véritable aquarium géant.
Nous montons ensuite à la chapelle Notre-Dame pour le point de vue sur la baie.
3è étape, les falaises de Jokin où les enfants apprennent à sauter des rochers tels de vrais kanaks. Le soir, nous passons chez la tantine de Fabrice qui à l'aide des hommes de la tribu construit sa case. Elle nous explique à son grand regret que les traditions se perdent et que la vie en communauté en pâtit. Fabrice nous invite à dîner chez ses parents, Odette et Pierre. Nous parlons de référendum, d'indépendance, de l'histoire de la Calédonie, surtout avec Odette qui est très engagée politiquement.
Le 19, nous reprenons un avion pour Nouméa, escale de quelques heures proche de l'aéroport et nous repartons en fin d'après-midi pour l'île des Pins.
L'île des Pins
Nous arrivons au camping de Nataïwatch. Cédric nous a prêté sa tente igloo 2 places et son matelas gonflable. Vu notre taille, nous décidons de dormir tous les 4 dans le sens de la largeur... les nuits s'annoncent périlleuses. Les enfants profiteront de la piscine de l'hôtel de luxe d'à côté, moyennant l'achat d'une barquette de frite ou d'une glace !
Le camping est magnifique, il se situe au bord d'une plage paradisiaque, la baie de Kanuméra.
Pas de cuisine à disposition ici, les prix comme partout en Nouvelle-Calédonie nous paraissent excessifs, nous nous contenterons donc à chaque repas de 2 plats pour 4. Et pour le goûter, mangues locales en tartine.
Ce séjour sera synonyme de farniente et de détente, notre seule sortie sera la journée du 21. Nous partons le matin prendre une pirogue traditionnelle qui nous emmènera jusqu'à la piscine naturelle, un spot de snorkeling impressionnant, des champs de bénitiers de toutes les couleurs, des poissons "cornes" et bien d'autres encore. Nous ferons une petite marche dans la rivière de sable jusqu'à la mer, non loin du fameux Méridien, hôtel de luxe de l'île.
Nous ferons une autre petite excursion au pic N'ga, le point culminant de l'île à 262m au-dessus du niveau de la mer.
Retour à Nouméa
Le 23, retour à Nouméa : de chez Cédric, nous en profitons pour faire des choses moins passionnantes telles que régler nos histoires d'impôt, inscrire nos enfants à l'école pour l'an prochain, faire les comptes, faire notre colis et l'envoyer en France via l'OPT, l'Office des Postes et Télécommunication. Le soir, Fabien, Marie et leurs enfants viennent chez Cédric pour un petit apéritif dinatoire.
Le lendemain, excursion au Phare Amédée : nous prenons le bateau le matin jusqu'au phare que nous visiterons dans la foulée.
La journée sera rythmée par des activités assez touristiques mais intéressantes telles que le nouage de paréo, le tressage de feuilles de palmier, l'initiation à la danse tahitienne, ainsi que la récolte de noix de coco. Mais ce qui aura marqué le plus Tom, ce sont les tricots rayés, ici en grand nombre. Nous prendrons aussi un bateau à fond de verre afin d'observer essentiellement les tortues marines et leurs poissons pilote. Nous ferons aussi un petit tour de l'île pour observer la colonie de sternes.
Après cette journée bien remplie, nous passerons notre dernière soirée chez Cédric que nous remercions mille fois pour nous avoir trimballés à gauche, à droite et pour nous avoir prêtés son lit !
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