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El Calafate - Perito Moreno

Le mot de la mère

Les enfants commencent à sentir le besoin de nature après une semaine passée dans la capitale. Cela tombe bien, nous partons pour El Calafate, dans le sud de la Patagonie. Nous y verrons les glaciers, les grands espaces, la nature à l'état sauvage.

Nous prenons un vol interne avec la compagnie Aerolineas Argentina, rebaptisée Argentine Airlines par Sandrine !

En ce mardi 5 novembre, nous arrivons en fin d'après-midi dans cette petite ville touristique dont la population a quadruplé en 20 ans.

Nous passerons les 2 premiers jours à ne trop rien faire (si ce n'est l'école) car le temps est médiocre. Nous en profiterons tout de même pour faire 2 musées : le centre d'interprétation et le Galciarium.

Nous logerons dans une auberge de jeunesse.


Centre d'interprétation

Ce musée retrace l'histoire de la Patagonie depuis les dinosaures jusqu'à nos jours. Nous avons appris que beaucoup de dinosaures y ont été retrouvés le Giganotosaure, le Carnosaure et l'Argentinosaure. On apprend qu'à une certaine époque la forêt amazonienne n'existait pas et qu'il faisait même 2 degrés de plus qu'aujourd'hui ici-même. Il retrace également l'arrivée des premiers hommes en Patagonie, dernier territoire à avoir été conquis par l'Homme. En gros, l'homo sapiens a commencé sa conquête du monde depuis l'Afrique de l'Est il y a environ 70 000 ans et est arrivé en Patagonie il y a 14 000 ans. Diverses tribus ont peuplé la région avant l'arrivée des Espagnols au début du 16è siècle. Les Espagnols ont décimé les populations indigènes. C'est en fait le plus grand génocide de toute l'histoire de l'humanité. Ils ont pillé or et argent à un tel point que 70% de l'argent (le métal) qui circulait en Europe à cette époque provenait de Potosí (Bolivie). Pillages, viols, population décimée par l'introduction de l'alcool et des virus. Puis vinrent l'indépendance (début du 19è siècle), la révolution industrielle (période relativement calme) et l'ère moderne.


Le Glaciarium

Ce musée traite de la formation des glaciers. C'est un processus plus complexe qu'on ne le pense : un flocon de neige peut mettre 5 à 6 ans avant de se transformer en glace.

Nous sommes dans une ère inter-glacière. Tous les glaciers du monde reculent, c'est un processus naturel qui à priori n'est pas en lien avec le réchauffement climatique.

La particularité du Perito Moreno est qu'il repose sur des roches. Du coup, il avance mais on sait qu'il perd également chaque jour de la glace. A la fin de la visite, un film met en lumière les interactions des 7 milliards d'être humains chaque jour avec la planète Terre : pollution, déchets, guerre, réchauffement climatique... les enfants sont captivés et le regardent même 2 fois !


Perito Moreno

Le 3è jour nous partons en excursion en mode "tour alternatif" pour voir le Perito Moreno.

Son nom vient de l'explorateur-cartographe argentin, Francisco Pascasio Moreno dont le surnom était Perito Moreno, perito voulant dire expert.

A l'aller nous prenons l'ancienne route, le temps est merveilleux, nous verrons pas mal d'animaux : des condors, des guanacos (espèce de lamas sauvages), des choiques (espèces d'autruches en plus petit) et bien d'autres oiseaux que nous ne connaissons pas, des lièvres de Patagonie par centaines (bien trop rapide pour qu'on puisse les photographier), des chevaux sauvages, des moutons bien sûr et des chiots que Ernest affectionne vraiment. Pour l'anecdote, Julien a fait un jeu de mot qui a bien fait rire le guide : un des 4 chiots était bien brun. Chiot se dit "perrito" et brun se dit "moreno" du coup, il a appelé le petit chiot "el perrito moreno" !

Nous traversons la steppe patagonienne, aride où les buissons ne poussent que de 3 mm par an pour éviter le vent patagonique (jusqu'à 100 km/h). Ici, aucun arbre ne pousse (plus à l'ouest, peu avant d'arriver au Perito Moreno, le paysage change, les steppes font place à la forêt). Nous sommes au printemps, le temps est clément, les jours sont longs (15h d'ensoleillement). En été, le vent souffle très fort, quasi tous les jours et l'hiver est très froid et la durée d'ensoleillement, très faible (7h en tout et pour tout, de 10 à 17h). Nous y sommes donc à la bonne saison !

Le guide nous montre la plante "Calafate" qui a donné son nom à la ville. Au printemps, elle a de jolies petites fleurs jaunes qui donneront des baies bleues, un peu comme la myrtille chez nous. On s'en sert pour en faire de la confiture, de la liqueur, des tisanes. Nous passons devant le mémorial des Gauchos (cow-boys argentins). Ici 1500 y ont été exécutés par l'armée argentine pour s'être révoltés contre les propriétaires et patrons des estancias (gros élevages de moutons) en 1922. Ils réclamaient seulement des conditions de travail acceptables.


Nous arrivons au Perito Moreno, spectaculaire, nous entendons craquer la glace mais nous ne verrons que des petits bouts tomber qui font malgré tout beaucoup de bruit.

La dernière grosse rupture date de mars 2018 et la prochaine devrait avoir lieu en mars 2020.

Comment le sait-on? En fait, le Perito Moreno avance et à un moment donné, il atteint la montagne, la terre ferme qui est juste en face de lui. Et de ce fait, il bouche le passage de la rivière Brazo Rico qui se jette dans le lac Argentino, formant alors comme un barrage. Le courant de la rivière est bloqué par le glacier, l'eau monte de 2 mètres et finit par s'écouler sous le glacier formant une arche de glace. Et au bout d'un moment, l'arche cède et s'effondre dans un vacarme assourdissant, c'est la rupture !

C'est le 3è plus grand glacier du parc naturel, après le Viedma et l'Upsala. Sa superficie est de 250 km2 (celle du Viedma, 1000 et celle de l'Upsala, 900).

Le lendemain, excursion à la Estancia Cristina.


Estancia Cristina et glacier Upsala

Samedi 9 novembre à 7h30 nous prenons un bus qui nous amène au bateau "Estancia Cristina". On nous sert cafés et croissants, cela tombe bien, nous n'avions pas eu le temps de déjeuner. La journée s'annonce bien, pas un nuage. Les locaux nous expliquent que nous avons beaucoup de chance car la semaine précédente fut exécrable. La balade en bateau est magique, nous passons entre les icebergs et sommes émerveillés devant ce bleu glacier.


Ernest vient me dire qu'il s'est fait des copines et me les présente : Jacquotte la célibataire, Danièle et Simone, ainsi que leurs maris, Daniel et Dominique. Nous passerons la journée ensemble.


Le bateau débarque à l'Estancia Cristina, une ancienne exploitation de moutons maintenant transformée en musée et restaurant. Nous montons dans un 4x4. Sur la piste, nous croisons un énorme taureau sauvage. Au bout de 45 minutes, nous attaquons la balade à pied jusqu'au glacier. Sous nos pieds, nous trouvons des fossiles marins et passons entre des plaques de roche couleur cuivre lissées par des glaciers. Nous arrivons au mirador d'où l'on peut admirer le glacier et le lac d'un bleu indescriptible. La vue est époustouflante.


Nous redescendons ensuite à l'estancia vers 14h et sortons les pique-niques de nos sacs car le restaurant est hors budget pour nous (l'équivalent de 100€ pour 4 sans boisson). Nous nous contenterons de commander 2 cafés et de succulents cookies faits maison pour les enfants.

A 15h nous commençons le tour par une petite balade dans domaine : les maisons, le cimetière, les arbres taillés par les vents violents, la rivière, ...


Ensuite, nous attaquons la visite du musée. Il retrace la vie de la famille Masters, les seuls habitants ayant vécu sur ce bout de terre. Nous sommes en admiration devant le courage et la folie qu'ont eu ces pionniers de Patagonie.

Percival Masters, marin anglais, décidé de s'y installer en 1914 en espérant y trouver de l'or. C'est un lisant un article datant de 1901 du journaliste, Hesketh Prichard, qu'il apprit que l'état argentin cédait des terres aux plus téméraires voulant s'y installer. Après s'être mariée en Angleterre, il débarqua donc sur ces terres vierges avec sa femme Jessie, son fils de 10 ans, Herbert et sa jeune fille Cristina de 2 ans.

Il y construisit une petite maison en pierre puis une deuxième plus grande en bois qui brula alors qu'il avait provoqué lui-même un incendie pour créer des pâturages. Il en construisit une dernière et planta une rangée de peupliers pour protéger ses plantations du vent. Créa vergers et potagers dans ce milieu si rude où l'été est balayé par des vents violents et où l'hiver est glacial avec seulement 7 heures d'ensoleillement par jour.

Herbert partira faire ses études à Buenos Aires alors que Cristina, très attachée à ces terres, y restera jusqu'à la fin de sa vie. Celle-ci fut très courte car elle décèdera d'une pneumonie à l'âge de 20 ans et sera enterrée sur place. Le fils modernisera l'exploitation et construira une roue pour l'irrigation.

L'exploitation s'agrandira et plusieurs saisonniers viendront y travailler. Une fois la tonte des moutons terminée, la laine brute était compressée et transportée en bateau jusqu'au port de Punta Bandera (là où Moreno y planta le drapeau argentin). Le même trajet que nous avons fait en bateau en 2h mettait 14h car le bateau à l'époque devait s'arrêtait en route pour se ré-alimenter en bois. Il leur fallait 3 mois pour acheminer toute la production jusqu'à l'océan atlantique, au port de Rio Gallegos (à 350 km de là).

Mais en 1920, les cours de la laine commencèrent à chuter et la famille décida de se ré-orienter vers le tourisme. Le restaurant sera cédé plus tard à des alpinistes et l'Etat reprendra ces terres puisque l'estancia Cristina est aujourd'hui au beau milieu du parc national des Glaciers, créé en 1937. Cette épopée nous a passionnés et je me dis qu'il ne fallait rien à avoir à perdre pour s'installer dans ces contrées sauvages !


Nous reprenons le bateau vers 17h et arrivons à El Calafate vers 19h30. Pas le temps de se faire à manger, nous décidons d'aller tester la spécialité du coin : le cordero a la cruz (l'agneau en croix), un agneau entier écartelé, grillé verticalement devant un feu de bois.

Un délice !











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